Portrait de joueur : Grisha

Grygoriy « Grisha » Milyutin est arrivé à l’Elan Chalon Basket-Fauteuil en 2015, alors que la guerre faisait rage entre son pays natal, l’Ukraine, et la Russie. Portrait de ce joueur au parcours atypique mais qui a toujours eu le sport comme boussole.

Son enfance

Alors qu’il n’a que 5 ans, le lendemain de son anniversaire un camion le renverse lors d’une ballade familiale en vélo. Amené dans un hôpital de ville, un docteur décidera de lui amputer la jambe, avant de le transférer vers un établissement national au vu de ses nombreuses blessures. Les spécialistes décident alors de le plonger dans un coma artificiel pendant 10 mois afin de l’opérer de nombreuses fois, et il fera après son réveil un an de plus à l’hôpital pour récupérer de ses quarante opérations.

Tout juste sorti des soins, il rentrera à l’école (avec une prothèse de bois), et sera très vite appelé par le sport. Avec ses camarades de classe, valides, il s’adonne à toutes les activités sportives proposées à l’école. Du foot (gardien) à l’athlétisme (lancer de javelot) en passant par le handball, il essaiera tous les sports et deviendra même capitaine de l’équipe de volley de son école (où ses coéquipiers et lui remporteront le championnat régional). Grisha découvre sa voie : « Je faisais tous les sports où je n’avais pas besoin de courir, j’adorais ça. ».

La découverte du sport professionnel

En 2001, alors qu’il n’a que 17 ans, le coach de l’équipe nationale du ski handisport le contacte pour rejoindre le collectif ukrainien afin de préparer les Jeux Paralympiques de Salt Lake City.

Il accepte et rejoint un internat pour jeunes qui ont un handicap physique afin de pouvoir poursuivre des études d’économie tout en s’entraînant quotidiennement. Même s’il sera professionnel, le rythme sera plus que soutenu : « nous nous sommes entraînés pendant 2 années non-stop, sans vacances, avec un seul jour de repos par semaine. ». Cela l’habituera à la vie de sportif de haut-niveau.

Malheureusement à la fin de ces deux années de préparation acharnée, il finira à égalité aux tests de sélection pour les Jeux avec un autre athlète plus agé et l’expérience parlera puisque c’est ce-dernier qui sera choisi et non Grisha « Ils m’ont dit qu’il était plus mature comme il était plus âgé, mais que j’aurais ma chance plus tard comme j’étais jeune. Alors, je les ai remercié pour ces deux années d’effort et j’ai arrêté le ski. ».

Le basket-fauteuil comme nouveau tremplin

Mais Grisha va rebondir en découvrant le basket-fauteuil « deux amis de l’internat faisaient ce sport, et ils ont contacté leur coach qui m’a invité à venir aux entraînements ». Grâce à ses qualités physiques venant de sa précédente expérience, il intégrera vite l’équipe mais mettra du temps à s’habituer au fauteuil-roulant « C‘était la première fois que je me mettais en fauteuil pour faire du sport, et il faut dire que c’est dur de tourner au début. Alors j’allais tout droit. »

Cependant Grisha va s’accrocher et découvrir un autre milieu, en passant du sport individuel au sport collectif « j’ai surtout aimé le côté collectif, car on crée vraiment des liens, on n’est pas tout seul et on peut se faire des amis. »

Il va vite s’adapter au fauteuil et seulement un an après ses débuts sur les parquets il est appelé en équipe nationale et sera sélectionné, cette fois-ci, pour les championnats d’Europe à Lisbonne au Portugal. Il ne quittera plus l’équipe nationale, suivant le collectif tous les 6 mois lors des camps d’entraînements, matchs amicaux où des championnats, tout en jouant pour le club de Kharkov Basket. C’est un club similaire à l’Elan Chalon en Ukraine puisqu’ils ont une équipe valide professionnelle et une équipe handi. Avec eux, il remportera 5 fois le championnat ukrainie.

L’aventure russe

En 2012, il signe pour le club russe de Saint-Petersbourg. Malheureusement, la guerre éclate entre les deux nations et, premier effet pour Grisha, la fédération ulrainienne décide d’annuler les regroupements de l’équipe nationale, et de supprimer les championnats de basket-fauteuil, par manque de moyens. Second effet, après deux saisons sous les couleurs de son nouveau club, qui joue d’ailleurs l’Euroleague et où il a un contrat professionnel, les dirigeants décident de ne plus payer les 3 joueurs ukrainiens, dont Grisha, par nationalisme. Autant dire qu’il ne mettra pas longtemps à faire ses bagages. Dans la hâte, il contacte un coéquipier de l’équipe nationale et ce-dernier, ancien joueur de l’Elan Chalon, le fera venir en Bourgogne Franche-Comté.

La France, un nouveau challenge

Ici tout sera nouveau pour lui et il devra une nouvelle fois s’adapter « D’où je venais, tous les joueurs étaient sous contrat, alors qu’ici c’est amateur, le niveau était donc plus bas que dans mon ancien club. Cependant l’Elan voulait vraiment se développer, c’est ce qui m’a fait venir. » A l’Elan, il suivra les formations (de Formapi) et est maintenant éducateur sportif pour l’association, même s’il continue de passer des diplômes dans le monde du sport. « Dès le départ l’Elan m’a beaucoup aidé et m’a tout donné. En plus, du côté sportif tu peux t’entraîner tout le temps grâce aux infrastructures (avoir entraînement deux fois par jour) en plus de jouer tous les week-ends, et ça me convient très bien. ».

Cette saison 2021-2022

Après 6 saisons passées au club (même si les deux dernières n’ont pas pu aller au bout à cause des conditions sanitaires), Grisha a du recul pour juger l’équipe actuelle : « On a un effectif un peu réduit (en nombre) alors il faut faire attention aux blessures, mais chacun des joueurs peut apporter sa touche. De plus, on a la force de pouvoir garder notre intensité sur 40 minutes, ce qui fait qu’on peut gagner contre n’importe qui. ».

Et pour cette année 2022, il espère bien que l’équipe se qualifiera pour le plus haut niveau national : « Pour ça, on doit rester dans les 4 premiers jusqu’à la fin de la saison régulière. Après il faudra gagner le plateau, et ça on pourra le faire si on continue de tous s’entraîner le plus possible. ».

Avant de conclure ce portrait, Grisha dédie ses derniers mots à sa coach et sa présidente « Je voudrais remercier Sandra Cléaux et Christine Juillot, qui ont tout fait pour moi depuis mon arrivée. ».

Rendez-vous la semaine prochaine pour le résumé du match de ce week-end contre Capsaaa Paris et en attendant, vous pouvez découvrir nos deux anciens portraits des joueurs de l’équipe basket-fauteuil, il vous suffit de cliquer sur les prénoms :

LISA

SAMIH

Crédit photo : @ChristopheDURY

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